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Vous avez toujours eu la médecine dans un coin de votre tête ?
J’ai su depuis le lycée que je voulais faire de la biologie et de la génétique grâce à ma professeure de sciences de la vie et de la terre qui m’a fait découvrir la génétique sous des angles originaux et passionnants. En sortant du lycée, j’étais aussi intéressée par la médecine mais je ne pensais pas avoir le profil pour suivre ces études. Je voulais aussi faire de la recherche, même si je ne savais pas encore à quoi correspondait vraiment ce métier. Après une prépa agro-véto et une licence en biologie, j’ai intégré l’Ecole Normale Supérieure pour un Master orienté biologie du développement et biologie cellulaire. J’ai réalisé en parallèle un Master 2 à l’Université Paris VI en biologie des cellules souches. Après mes études, j’ai bénéficié d’une bourse d’école doctorale pour participer à un projet de recherche translationnelle sur les maladies rénales et protéinuries tubulaires au sein du laboratoire de biologie épithéliale de Matias Simons à Imagine. J’écris actuellement ma thèse sur les protéinuries génétiques. Il y a un an et demi, j’ai pris la décision de m’orienter vers la médecine et j’ai lancé des démarches pour bénéficier d’une passerelle pour entrer en 3ème année de médecine.
Qu’est-ce qui vous pousse à aller de la recherche à la médecine ?
Il est vrai qu’il est beaucoup plus rare de passer de la recherche à la médecine, d’autant que les sélections sont très poussées. L’année prochaine, à l’Université Paris Descartes (Université de Paris), nous ne serons que 7 à bénéficier de l’admission directe en 3ème année de médecine, dont 3 avec des thèses de sciences.
Selon moi, la médecine et la recherche sont indissociables. Le médecin hospitalo-universitaire a un rôle majeur pour faire avancer la recherche et la médecine et renforcer les liens entre elles. J’espère pouvoir mettre à profit ma « culture du chercheur » et ma curiosité scientifique pour développer cette approche. Mon parcours m’a permis de m’ouvrir à d’autres matières, d’autres spécialités, et surtout de comprendre que, dans la recherche comme dans la biologie et dans la médecine, la pluridisciplinarité est très importante et nous permet d’avancer plus vite.
Parfois dans un parcours de recherche, on peut se perdre en route, ne plus avoir conscience des implications de nos découvertes sur les patients et ce qu’elles vont changer pour eux, on oublie l’importance de ce qu’on fait et notre approche peut devenir abstraite. A Imagine, on voit les patients tous les jours, on travaille avec les médecins, ça aide beaucoup à comprendre tout ça. Et tout au long du projet sur lequel j’ai travaillé, j’ai eu la chance de collaborer avec des médecins, notamment Corinne Antignac, Olivia Boyer et Aude Servais, qui m’ont transmis toute leur passion.
Quels conseils donneriez-vous ?
Avant de se lancer, il est important d’échanger avec des étudiants en médecine, sciences, et en médecine et sciences, avec des internes, des cliniciens, pour comprendre toutes les implications de ces études et de ces métiers. Pendant mes études, ce sont ces échanges qui ont confirmé mon attrait pour la médecine.
Je conseillerais aussi de s’immerger dans un ou plusieurs services hospitaliers. J’ai pu bénéficier d’une immersion au sein du service de néphrologie pédiatrique de l’Hôpital Necker-Enfants malades et en consultations de génétique. Elles ont mis en avant l’aspect humain qu’on retrouve en médecine, les liens avec les enfants et les familles, le rôle de la pédagogie dans ces relations.
La route est longue et semée d’embûches, notamment d’un point de vue financier (il existe actuellement très peu, voire pas de solutions pour faire financer son parcours de médecine, à l’inverse du parcours médecine-recherche). Mais il y a de du soutien et de la solidarité, et il faut compter sur sa vocation, sa motivation et sa passion !