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Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) se caractérisent par des difficultés d’apprentissage et d'insertion sociale. Ce trouble majeur de la communication peut prendre différentes formes sans être nécessairement associé à un déficit intellectuel. Il touche environ 700 000 personnes en France.
Les preuves de l’origine génétique des TSA sont de plus en plus nombreuses. Toutefois, leur diagnostic et leur prise en charge n’évoluent pas au même rythme.
Le Pr Arnold Munnich, pédiatre-généticien à l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, professeur à l’Université de Paris, et président de la fondation Imagine, a mené pendant 20 ans et dans 26 hôpitaux de jour et établissements de santé mentale d’Ile-de-France (1) une étude ayant pour objectif de rechercher les causes génétiques des TSA. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de la Consultation Mobile Régionale de Génétique de la Fondation l’Élan Retrouvé, dirigée par le psychiatre Moïse Assouline. Avec une équipe mobile de généticiens et de soignants de l’Institut Imagine -Inserm/Université de Paris/AP-HP- et de la Fondation l’Élan Retrouvé, Arnold Munnich a rencontré 502 patients atteints de TSA et leurs proches, sur leur lieu de soins, d’accueil ou de vie.
Les équipes ont constaté que dans plusieurs cas, aucune consultation ni test génétique n’avaient été proposés aux patients.
Il existe de multiples causes, certaines génétiques, d’autres environnementales, qui peuvent expliquer les TSA. Lors des consultations, on s’attache à faire la part des choses et à identifier les formes génétiques pour mieux expliquer le diagnostic aux parents.
Des résultats qui confirment l’intérêt d’étendre les analyses génétiques à un plus grand nombre de patients
Les patients se sont vus proposer différents tests génétiques. L’Hybridation Génomique Comparative sur Réseau d’ADN (CGH-array) - qui a remplacé le caryotypage car plus performante - a été réalisée sur 388 des 502 patients. Elle a permis de détecter des anomalies génétiques chez 34 d’entre eux. Chez 19 patients, il s’agissait d’anomalies non héréditaires, chez 4 autres elles étaient héritées de l’un des parents, et pour les 11 restants, la transmission n’a pu être établie (enfant adopté, patient décédé…).
Chez les 141 patients pour lesquels la CGH n’avait rien décelé, un séquençage nouvelle génération (NGS – New Generation Sequencing) a permis d’identifier pour 33 des patients des variants génomiques impliqués dans le TSA et les déficiences intellectuelles. 23 de ces variants n’étaient pas héréditaires. Les 10 restants avaient été transmis par les parents, dont la moitié étaient liés au chromosome X.
Par ailleurs, le dépistage du Syndrome de l’X fragile - un syndrome génétique rare causant souvent un retard cognitif - a été réalisé chez 312 des patients qui n’avaient jamais été testés auparavant pour ce syndrome ; 4 d’entre eux étaient positifs pour ce syndrome.
Au total, 27 gènes mutés de la maladie ont été décelés. Tous les cas de TSA diagnostiqués présentaient une déficience intellectuelle modérée à sévère. Les résultats montrent que combiner la technique NGS à la CGH et au dépistage du syndrome de l’X fragile permet d’améliorer significativement la précision du diagnostic.
Pour un meilleur diagnostic des troubles du spectre de l’autisme
Cette étude conduit le Pr Arnold Munnich et ses collègues à proposer pour l’ensemble des enfants atteints de TSA une stratégie diagnostique reposant dans un premier temps sur l’étude des gènes les plus fréquemment rencontrés dans les TSA avec déficit intellectuel. Le plus souvent, les altérations génétiques impliquées dans les TSA ne sont pas héréditaires. Dans cette étude, les mutations sont de novo dans 23/33 des cas, soit 70% des cas. Dans ce cas, le diagnostic génétique permet de lever le doute sur le risque de transmission à un autre enfant. Dans le cas des formes familiales, il permet d’informer du risque les parents désireux d’avoir un second enfant.
Si à ce jour, la reconnaissance de l’origine génétique des TSA ne débouche pas encore sur un traitement, elle marque une étape importante pour les parents pour qui, selon le Pr Arnold Munnich, « connaître les mécanismes en jeu dans la maladie de leur enfant n’est pas vécu comme une stigmatisation, mais plutôt comme un soulagement qui les aide à mieux comprendre et parfois même à dépasser les difficultés. » Et de préciser, « nommer la maladie, c’est déjà la soigner, c’est donner la possibilité de surmonter l’épreuve en la pensant, c’est prendre en compte les symptômes, tantôt avec des médicaments, tantôt avec des méthodes éducatives ou rééducatives adaptées, tantôt par une meilleure prise en charge. »
De plus, le diagnostic génétique ouvre la voie à une meilleure compréhension des différents mécanismes de TSA et à des recherches pouvant déboucher sur de nouvelles stratégies thérapeutiques.