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Le laboratoire de neurogénétique et neuroinflammation, dirigé par Yanick Crow à Imagine, s’intéresse à la compréhension des interféronopathies de type I, des maladies génétiques caractérisées par une production accrue des interférons de type I (IFN I), généralement très sévères, et qui peuvent affecter simultanément divers organes, en particulier le cerveau, les poumons et la peau. Alors que cette augmentation d’IFN I est commune aux interféronopathies de type I, l’atteinte du système nerveux central varie selon ces maladies, sans que l’on en connaissance la raison. Le travail mené au sein du laboratoire de Yanick Crow à Imagine, en particulier par l’étudiant en Master Lorenzo Lodi et les Docteurs Marie-Louise Frémond et Isabelle Melki, en étroite collaboration avec l’équipe de Darragh Duffy (Institut Pasteur) et les cliniciens de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, l’Hôpital Robert Debré AP-HP et d’autres hôpitaux, a permis d’appréhender cette question.
Grâce à la technique de pointe Simoa (ELISA digital ultra-sensible), la protéine interféron alpha a été mesurée dans le liquide céphalo-rachidien de patients atteints de deux interféronopathies de type I monogéniques (syndrome d’Aicardi-Goutières et STING-associated vasculopathy with onset in infancy, SAVI) et chez des individus ayant un lupus érythémateux systémique avec signes neuropsychiatriques (une maladie où un rôle pathologique des interférons de type I a été décrit). Le liquide céphalo-rachidien de patients atteints d’hydrocéphalie non inflammatoire a été utilisé comme contrôle (grâce à une biobanque développée en collaboration avec le Professeur Thomas Blauwblomme, Hôpital Necker, et l’équipe d’Edor Kabashi à l’Institut Imagine).
Les taux d’interféron alpha dans le liquide céphalo-rachidien des patients atteints d’une interféronopathie de type I monogénique ou de lupus érythémateux systémique avec signes neuropsychiatriques étaient élevés par rapport aux contrôles. De façon intéressante, chez les patients avec syndrome d’Aicardi-Goutières, où l’atteinte du système nerveux central est au premier plan, les taux d’interféron alpha étaient plus élevés dans le liquide céphalo-rachidien que dans les prélèvements de sérum appariés. C’était le contraire dans le SAVI dont les atteintes touchent principalement des organes périphériques (la peau et les poumons) et sont associées à une inflammation systémique. Ces données suggèrent que le site principal de production des interférons de type I dans les interféronopathies de type I détermine, au moins en partie, la variation observée dans les atteintes tissulaires/cliniques.
Ces résultats peuvent être utiles au diagnostic et aux approches thérapeutiques futures des interféronopathies de type I monogéniques et polyfactorielles.
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Differential Expression of Interferon-Alpha Protein Provides Clues to Tissue Specificity Across Type I Interferonopathies
Lorenzo Lodi, Isabelle Melki, Vincent Bondet, Luis Seabra, Gillian I Rice, Edwin Carter, Alice Lepelley, Maria José Martin-Niclós, Buthaina Al Adba, Brigitte Bader-Meunier, Magalie Barth, Thomas Blauwblomme, Christine Bodemer, Odile Boespflug-Tanguy, Russel C Dale, Isabelle Desguerre, Camille Ducrocq, Fabienne Dulieu, Cécile Dumaine, Pierre Ellul, Alice Hadchouel, Véronique Hentgen, Miguel Hié, Marie Hully, Eric Jeziorski, Romain Lévy, Fanny Mochel, Simona Orcesi, Sandrine Passemard, Marie Pouletty, Pierre Quartier, Florence Renaldo, Rainer Seidl, Jay Shetty, Bénédicte Neven, Stéphane Blanche, Darragh Duffy, Yanick J Crow, Marie-Louise Frémond
PMID: 33411153