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Dans une nouvelle étude parue dans la revue Science Immunology, Sylvain Latour et son équipe, du laboratoire « Activation lymphocytaire et susceptibilité au virus d’Epstein-Barr », à l’Institut Imagine, en collaboration avec des médecins et chercheurs du NIH (National Institutes of Health), aux Etats-Unis, ont découvert une nouvelle mutation sur le gène IKAROS [1]. Ce dernier – dont le nom est une référence à Icare, fils de Dédale – est impliqué dans le développement des lymphocytes (gardiennes de notre immunité), dans la prolifération et la différenciation des cellules du sang, et joue aussi un rôle de suppresseur de tumeur. En d’autres termes, il freine la prolifération cellulaire.
Ce gène était déjà connu des chercheurs pour des mutations de type « dominante négative » et « perte de fonction », entraînant des déficiences immunitaires touchant les lymphocytes B associées à l’apparition de lymphome B (dans le cas des mutations pertes de fonction), mais aussi des immunodéficiences combinées affectant les lymphocytes B, T et les cellules myéloïdes .
Les symptômes et les mécanismes altérés par cette nouvelle mutation sont bien distincts de ce que l’on observe pour les deux autres types de mutations
Dans cette nouvelle publication, les chercheurs ont réalisé un séquençage complet du génome chez 8 patients non diagnostiqués, présentant un ensemble de symptômes typiques d’une dérégulation immunitaire dont l’inflammation, l’autoimmunité et des réactions allergiques. « Nous avons ainsi pu décrire pour la première fois une mutation du type gain de fonction du gène IKAROS », explique Sylvain Latour, dernier auteur de la publication.
Les chercheurs ont également montré que cette nouvelle mutation entraîne une dérégulation de plusieurs acteurs importants de la réponse immunitaire : les lymphocytes T auxiliaires de type 1 et 2 (Th1 & Th2) dont l’activité Th2 est augmentée, un faible nombre de lymphocytes T régulateurs ainsi qu’une prolifération anormale des lymphocytes B sécréteurs d’anticorps. « Les symptômes ainsi que les mécanismes altérés par cette nouvelle mutation sont bien distincts de ce que l’on observe pour les deux autres types de mutations, souligne Sylvain Latour. Cela nous indique que l’on a affaire à une nouvelle maladie ». L'identification de nouvelles mutations génétiques est primordiale, non seulement pour améliorer la compréhension des mécanismes de ces maladies rares, mais aussi pour poser un diagnostic chez des patients qui n'ont pas encore de nom sur leur maladie.