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C’est pourquoi des chercheurs du monde entier tentent de comprendre ce qui se passe chez ces patients-là. Notamment ici, à Paris à l’Institut Imagine, des laboratoires de recherches ont participé à trouver des explications ! Pour cela, les chercheurs sont allés explorer l’ADN de patients gravement malades. L’ADN, c’est le mode d’emploi qui permet de créer des êtres vivants, comme les humains par exemple. Chacun le porte en soi, il est microscopique, mais regorge d’informations très utiles pour notre corps. C’est sur l’ADN qu’est écrit de quelle couleur sont nos yeux et notre peau, comment construire nos os etc… Dans l’ADN, il est aussi écrit ce que notre corps peut faire pour se défendre contre les microbes : créer des sentinelles qui circulent dans le corps pour repérer les intrus, produire des messagers pour avertir nos lignes de défense et solliciter l’aide de neutralisateurs de virus par exemple…
Des chercheurs ont récemment montré que chez certaines personnes très malades de la COVID-19, il y a des modifications dans les parties de l’ADN qui permettent de produire ce que l’on appelle des Interférons de type 1 (IFN1). Ces interférons sont une famille de molécules qui agissent normalement comme des messagers sur nos cellules, pour les inciter à se défendre contre les virus. Le problème, c’est que comme ces interférons ne sont pas là chez certains patients, leurs cellules ne se construisent pas leur défense aussi bien qu’elles le devraient, et le virus peut continuer à provoquer des dégâts dans leur corps.
Les chercheurs ont aussi trouvé une autre explication chez d’autres patients ayant de sévères symptômes. Dans ce cas-là, les interférons sont bien là et permettraient bien à nos cellules de se munir de défenses pour lutter contre le virus. Mais les chercheurs ont montré que malheureusement, certains patients ont dans leur corps des bloqueurs de différents membres de la famille des interférons de type 1. Ces bloqueurs sont appelés « anticorps auto-immuns » et ils ciblent certains interférons pour les empêcher d’agir. Ainsi, ces interférons, même s’ils sont présents, ne peuvent plus remplir leur mission auprès des cellules ! Les patients perdent alors de précieux alliés pour se défendre contre le virus, et peuvent alors avoir des symptômes très sévères à leur tour.
Avoir réussi à comprendre ces mécanismes permet de proposer des stratégies pour prévoir quelles personnes sont susceptibles d’avoir des symptômes sévères. En effet, les médecins savent maintenant un peu mieux où chercher cette information dans l’ADN des patients. Surtout, comprendre ces mécanismes permet d’imaginer des stratégies de traitements ! Par exemple, pour pallier au manque d’interférons, il existe déjà des traitements connus qui permettent de donner des interférons aux patients via une injection par exemple.
Enfin, les anticorps « bloqueurs » d’interférons ne visent que certains membres de cette famille de molécules. Ainsi, on peut imaginer que pour compenser l’action de ces anticorps auto-immuns, l’on puisse donner aux patients davantage d’interférons n’étant pas visés par « les bloqueurs »: ce médicament existe déjà car développés pour d’autres maladies, et devrait pouvoir être testé. Tout ceci est encore au stade de l’hypothèse, mais ces théories sont très prometteuses pour réussir à guérir certains patients de la COVID-19 !
Il peut sembler facile de trouver toutes ces réponses. Pourtant, si les chercheurs ont réussi à comprendre en partie pourquoi certaines personnes tombaient très malades de la COVID-19, c’est parce qu’ils connaissaient déjà bien le fonctionnement des défenses de notre corps face aux microbes ! Notamment en étudiant certaines maladies génétiques qui sont elles aussi causées par des modifications dans l’ADN ou la présence d’anticorps auto-immuns « bloqueurs ».
L’Institut Imagine a pour vocation à comprendre les maladies génétiques qui peuvent être très rares. Comprendre ces maladies permet ainsi parfois d’élucider des problèmes de santé bien plus répandus, comme la COVID-19 par exemple !
Pour en savoir plus sur les découvertes des chercheurs sur les formes graves de la Covid-19