Le diabète de type 1 : une maladie auto-immune en pleine explosion
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune due au dysfonctionnement de cellules du système immunitaire qui attaquent les cellules ß du pancréas compromettant ainsi son fonctionnement. Ce type de diabète est en augmentation passant de 18 000 à 25 000 cas en 15 ans, avec en prime, une diminution de l’âge moyen à 8 ans (au lieu de 12 ans en 2005) et 20 à 25 % des cas apparaissant chez les moins de 6 ans.
Cette pathologie pouvant survenir dès le plus jeune âge, est détectable par la présence d’autoanticorps. Mais pour assurer un dépistage précoce, il est important d’informer sur les signes d’alerte : un enfant qui boit beaucoup, qui urine beaucoup, une couche lourde, sont autant de signes qui doivent inciter à tester la glycémie.
Et chez les enfants avec des anticorps qui témoignent d’un diabète auto immun, il s’agit d’analyser si une origine génétique peut être mise en évidence. Car cette forme de diabète peut résulter de l’association de gènes de prédisposition et de facteurs environnementaux. Les découvertes de la génétique, notamment réalisées au sein d’Imagine, ont largement modifié la prise en charge de ce diabète : la génétique permet de connaitre les troubles associés au diabète et d’anticiper certains symptômes. Cette forme de diabète est associée à des signes neuropsychologiques, notamment des hypotonies, voire des crises d’épilepsie.
La génétique ouvre la voie à une prise en charge réellement personnalisée. Ainsi, la découverte dans le laboratoire de Michel Polak (1), associé à Imagine, d’un défaut moléculaire, en l’occurrence la suractivation d’une voie de signalisation moléculaire suite à une mutation de STAT3, permet désormais de proposer une solution pharmaco-génomique. Cette mutation entraîne une altération des canaux potassiques à l’origine de 50 % des diabètes très précoces de l’enfant, pouvant être contrecarrée par une molécule qui se lie aux canaux, un sulfamide hypoglycémiant. Cette nouvelle approche est en phase d’essai clinique chez 13 enfants : le fonctionnement des cellules bêta ß est restauré et il persiste au bout de 10 ans. Le traitement agit sur le canal potassique sans créer d’hypoglycémie. Ce traitement à base de sulfamides est en outre neuro-protecteur.
En diabétologie de l’enfant, les objectifs sont :
- comprendre les mécanismes pour mieux traiter les enfants, d’où l’importance de la collaboration du service clinique de l’Hôpital Necker Enfants-malades AP-HP du Pr Michel Polak avec les laboratoires de recherche d’Imagine,
- mais aussi mieux éduquer aussi bien les parents que le personnel médical à la reconnaissance des 1ers signes.
Le diabète de type 1 est une maladie insidieuse. L’hyperglycémie ayant de multiples causes, le diagnostic est difficile. L’enjeu de la recherche est de comprendre ce qui déclenche le déficit d’insuline chez un enfant, provoquant ce diabète auto-immun (dit diabète de type 1). Les traitements actuels proposent un apport d’insuline exogène, régulant ainsi la glycémie, mais sans permettre de guérir. Parmi les nouvelles voies possibles, le rôle du tube digestif au début de la vie est analysé de près, ainsi que celui des polluants environnementaux, dont on trouve une présence dans le liquide amniotique des femmes. Ainsi, il n’est pas exclu que la composante fœtale commence par une attaque des fonctions thyroïdiennes et de la cellule bêta. Ces pistes seront investiguées dans un futur proche.
L’émergence de la santé connectée
Autre piste, le système « Diabeloop for kids », qui propose une association innovante avec une pompe à insuline et un capteur de glycémie associés à un algorithme qui fait le lien entre la glycémie de l’enfant et la pompe. Si la glycémie monte, la pompe envoie de l’insuline et vice-versa. Ce système se met à jour toutes les 24h, mais ne permet pas encore de modifier les paramètres de manière autonome. Mais c’est une 1ère révolution pour le quotidien des malades et de leur famille. Un essai auprès d’une population adolescente va démarrer en janvier.
Cette technologie émerge en France et dans 2 autres pays dans le monde uniquement (Etats-Unis et Royaume-Uni), c’est une grande chance de pouvoir en bénéficier.
Notons également le développement d’une plateforme virtuelle d’éducation thérapeutique, imaginée sur le principe d’auto-gestion de sa maladie. « DIVE », pour Diabetic Virtual Education, est développée avec une start-up niçoise. Accessible en ligne gratuitement, elle permet d’avoir accès à des informations ludiques et d’acquérir des compétences, dans un esprit « serious game », avec des points et des trophées, un réseau social, des réunions virtuelles entre soignants et patients. Son développement répond aussi à l’explosion du nombre de patients. Un essai thérapeutique est en cours pour montrer que les patients gagnent en compétences. Une centaine d’enfants seront inclus à terme dans cet essai, évalué au bout de 3 mois d’utilisation.
L’urgence du diagnostic
Le Pr Polak souhaite mobiliser les parents et les professionnels de santé : il faut être attentifs aux 1ers signes pouvant révéler un diabète chez les tout-petits. Un enfant qui a très souvent soif, qui urine beaucoup, qui perd du poids, qui est fatigué… Dès que 2 de ces symptômes se conjuguent, il faut tester l’enfant, même sans antécédents familiaux.
(1) Le Pr Michel Polak est chef du service d’endocrinologie, gynécologie et diabétologie pédiatrique à l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, Professeur à l’Université de Paris, et chef de l’équipe de recherche Bases moléculaires des troubles endocriniens congénitaux et néonataux et nouvelles stratégies thérapeutiques associée à l’Institut Imagine, et le Dr Jacques Beltrand est médecin au sein du service d’endocrinologie, gynécologie et diabétologie pédiatrique à l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, de faire le point sur le diabète de type 1 chez l’enfant, et les nombreux espoirs de la recherche pour la prise en charge de cette pathologie.